Le récit « classique » de l’Ascension de Jésus se trouve au tout début des Actes des Apôtres (Actes 1,1-11), mais les deux autres lectures proposées pour cette fête nous aident à en comprendre la portée. Je vous invite à les lire : https://www.aelf.org/#messe1
Depuis plus de deux mois, nous sommes contraints –pour des raisons de sécurité sanitaire - de nous tenir à distance les uns des autres. Cela nous fait souffrir ! Et pourtant, nous savons aussi qu’une trop grande proximité peut être néfaste. « Tu me pompes l’air ! » dit-on à quelqu’un qui ne nous lâche pas et devient trop collant !
Cette expérience de notre vie humaine ordinaire peut nous faire comprendre pourquoi Jésus avait dit à ses disciples qu’il était bon qu’il s’en aille (cf. Jean 16,7). Désormais ressuscité, sa présence humaine trop sensible et physique auprès de ses disciples allait maintenir la communauté des disciples dans l’espace limité qui l’avait vu naître. L'Évangile aurait alors couru le risque de rester confiné au petit univers des premiers disciples, en Israël.
Par contre, si c’est dans le grand souffle de Dieu que l’humanité ressuscitée du Christ vit désormais, alors, il fallait aussi que ce soit de ce même souffle que les disciples vivent désormais, eux aussi. La communauté des disciples pourrait alors s’élargir universellement pour former l'Église, le « Corps du Christ » dont Jésus est la tête et dont nous sommes les membres. L'Église, « accomplissement total du Christ », comme le dit Paul dans une formule audacieuse (Éphésiens 1, 23).
C’est ainsi que fêter Pâques, c’est aussi, dans la foulée de la résurrection de Jésus, célébrer la montée de son humanité auprès du Père et accueillir le don de son Esprit, grâce auquel Jésus restera présent avec ses disciples, jusqu’à la fin des temps ! Dans le même mouvement, c’est aussi se laisser envoyer en mission dans le souffle de cet Esprit, tout comme Jésus s’était laissé envoyer par le Père pour nous rejoindre.
L’apparente distanciation de Jésus à l’Ascension annonce le grand déconfinement des disciples à la Pentecôte : bientôt ils deviendront des semeurs de l'Évangile dans tout le bassin méditerranéen.
Pour vivre nous aussi dans cette dynamique, nous aussi, demandons que l’Esprit Saint vienne nous réchauffer, nous allumer, nous envoyer ! C’est le sens de la neuvaine de prière qui va de l’Ascension à la Pentecôte… Vivons-la pour nous-mêmes, et les uns pour les autres.
Abbé Jean-Pierre Lorette
